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Ariane de Massenet

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LES PREMIÈRES

Opéra. — Ariane, opéra en cinq actes, de M. Catulle Mendès, musique de M. Massenet.

Le sujet d’Ariane qui a servi au dix-septième et au dix-huitième siècles à un grand nombre d’opéras est emprunté à la mythologie grecque. Ariane qui a été enlevée par Thésée qu’elle adore, aborde dans l’île de Naxos avec le héros : elle y est suivie par sa sœur Phèdre ; et elle voit peu à peu Phèdre la supplanter dans le cœur de Thésée. Or Phèdre a outragé Vénus qui la punit en la faisant mourir. Ariane descend aux Enfers où règne Perséphone pour supplier la déesse de lui rendre sa sœur. Elle a apporté à Perséphone des roses, souvenir de la terre que regrette la déesse des Enfers. Perséphone est touchée et rend Phèdre à Ariane qui la ramène à Thésée. Au moment où Thésée part avec Phèdre, Ariane abandonnée se laisse entraîner dans la mer par les sirènes.

L’épisode des Enfers et de Perséphone n’existe pas dans la mythologie, il est dû à l’imagination de M. Catulle Mendès. Le livret est fort poétique, clair, très lyrique, rempli de vers charmants. La musique de M. Massenet écrite pour Ariane est telle qu’on pouvait l’attendre du compositeur de Manon : elle est exquise dans les scènes de tendresses, de grâce et d’amour. Massenet emploie les leitmotiv sans en abuser, comme rappels de situation : il a instrumenté sa partition de façon remarquable. On a fait fête au 1er acte à l’air d’Ariane « La fine grâce de sa force » ; au 3e acte qui est le plus beau de la partition, on a acclamé l’air d’Ariane « Tu lui parleras n’est-ce pas », puis la complainte exquise « Ah ! le cruel », la phrase orchestrale qui précède l’invocation à Cypris ; au 4e acte, l’air des « Roses », chanté par Perséphone. Le 5e acte est rempli par les lamentations d’Ariane.

La mise en scène est à la fois somptueuse et rétrograde ; elle pastiche avec luxe les mises en scène de jadis. Parmi les interprètes, il faut mettre hors de pair Mlle Bréval, une Ariane aussi belle tragédienne qu’admirable chanteuse lyrique. Mlle Grandjean chante Phèdre avec de puissants moyens vocaux, mais sans envolée ; le ténor Muratore est un Thésée emporté, à la voix juste ; M. Delmas chante Pirithoüs avec autorité. L orchestre est excellent sous la conduite de Paul Vidal.

L.S.

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Composer, Pianist

Jules MASSENET

(1842 - 1912)

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Ariane

Jules MASSENET

/

Catulle MENDÈS

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