Nouvelles diverses. Étranger. Ariane

Nouvelles diverses — Étranger […]

— La presse allemande est unanime à constater le grand succès d’Ariane. Les journaux politiques publient des articles développés, dans lesquels on rend hommage aux grandes qualités du maître, à la puissance et à la souplesse de son invention musicale, à la grâce féminine de sa mélodie et à la sûreté de main qui lui permet de donner un coloris si intense et si chatoyant à son instrumentation. Les revues spéciales consacrées à la musique analysent la partition et en reproduisent parfois quelques thèmes. C’est le troisième acte sur lequel se concentre le plus l’attention, et la mélopée chantante qui précède l’invocation Chère Cypris, Cypris compatissante, est un des motifs que l’on aime à citer. La façon dont la psychologie du caractère d’Ariane a été exprimée par la musique est considérée comme belle et saisissante, et le rôle de Thésée a paru plaire à cause de l’absence de toute mièvrerie, et de la rudesse héroïque qui s’y manifeste avec ampleur et véhémence. Les éloges adressés au poète portent sur le souci qu’il a eu de créer des types conformes aux résultats des découvertes de l’archéologie, et de leur donner, pour se mouvoir, des milieux qui ne sont pas de pure fantaisie. Les interprètes sont l’objet d’appréciations chaleureuses. Mlles Lucienne Bréval, Louise Grandjean semblent se disputer les préférences, et Mlle Lucy Arbell, l’amie des roses, n’est jamais oubliée. M. Muratore n’a qu’à bien se tenir ; on le signale déjà aux puissants de Bayreuth pour un futur Siegfried. M. Delmas recueille les louanges que méritent la solidité de son organe, la clarté de sa diction, et « sa belle tenue héroïque ». D’après un journal de Munich, la première d’Ariane a été « une soirée d’honneur pour le Grand-Opéra ».