Caprice andalous op. 122
Composé en 1904, le Caprice andalous de Saint-Saëns séduit par sa conception rapsodique, son emportement passionné et ses accents pittoresques. Quelques vers posent le décor en introduction de la partition : « Cadix, joie et délice / De l’énorme calice / Est l’éclatant pistil » ; ils proviennent du poème Cadix, l’un des sonnets du recueil des Rimes familières de 1890 (car Saint-Saëns était aussi poète). À travers une forme très libre, le violon se voit confier différents thèmes hispanisants, que Saint-Saëns avait probablement notés lors d’un voyage, comme il le faisait aussi en Afrique du Nord ou en Extrême-Orient. Au début de sa partition, le compositeur recommande : « Le solo librement ; l’accompagnement très mesuré ». Cela dit bien la nature de la pièce, brillante et cherchant à plaire avant tout. « Ce sera un joli morceau à jouer dans la seconde partie d’un concert quand on aura joué un concerto dans la première », précisait Saint-Saëns à son éditeur. Même s’il évite la banalité, l’orchestre est d’abord l’écrin de la partie soliste. « Le violon solo joue tout le temps, il n’y a que des ombres d’orchestre tutti, expliquait encore le compositeur. Cela finit par un moto perpetuo qui tentera les chevaliers de l’archet, assez friands de ce genre d’exercices. » Saint-Saëns avait écrit la pièce pour le Hollandais Johannès Wolf, même s’il rêvait de l’entendre jouer par le célèbre Pablo de Sarasate. Non sans humour, il avouait encore à son éditeur : « C’est vraiment trop andalou pour un Hollandais, et c’est probablement Sarasate, s’il daigne le jouer, qui lui donnera son vrai caractère. »