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Académie des beaux-arts. Séance annuelle

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Académie des beaux-arts. 
Séance annuelle. — Distribution des prix.

La musique est toujours l’élément principal de cette séance, et cette année elle la remplissait presque entièrement. On y exécutait une ouverture, une cantate, et on y lisait l’éloge d’un musicien. L’ouverture est l’œuvre de M. Duprato, lauréat de 1848, élève de M. Leborne, qui, lui aussi, a formé M. Léonce Cohen, second prix de 1851, et premier prix de 1852. Dans le rapport sur les envois des pensionnaires de Rome, il était question de M. Duprato, et même il n’était question que de lui seul, d’où il faut conclure que les autres jeunes compositeurs n’ont rien envoyé du tout. M. le secrétaire perpétuel parlait avec éloge d’une symphonie de sa façon. Quant à son ouverture, nous avouerons franchement qu’elle n’est pas excellente. Le premier mouvement a de la grâce et du charme, mais il se prolonge trop et le charme s’évanouit. Le second mouvement n’est qu’un pasticcio de thèmes venus des divers coins du globe : il y a de tout, même un coup de grosse caisse imitant le canon, sans qu’on en devine la cause. On dit que les ouvertures doivent expliquer les opéras, mais quelquefois il peut arriver que les opéras expliquent les ouvertures, et si nous entendions celui que M. Duprato a dans la tête, peut-être saurions nous mieux ce qu’il a voulu faire. Ce n’est pas, assurément, chose facile et commode que d’écrire la préface d’une livre qui n’existe pas.

M. Léonce Cohen, auteur de la cantate couronnée, était plus heureux que M. Duprato. Il avait un poème, un sujet déterminé, des couleurs indiquées d’avance. Ses collaborateurs étaient Bernardin de Saint-Pierre et M. Rollet, qui, sous le titre de Retour de Virginie, avait mis en action les dernières pages du plus admirable et du plus vrai des romans. C’est dommage qu’à ce Retour de Virginie il manque tout simplement une Virginie. Le drame, à trois personnages, se passe entre Paul, sa mère et le missionnaire des Pamplemousses. Paul chante son amour et les chagrins de l’absence dans des vers tendres et mélodieux. Sa mère vient lui annoncer que Virginie arrive de France à bord du Saint-Géran ; le missionnaire vient ensuite l’avertir que l’orage commence et l’invite à la prière. Après avoir prié, Paul veut s’élancer dans les flots, et les flots lui apportent le cadavre de Virginie : voilà tout le drame. M. Léonce Cohen n’a pas eu besoin d’un canevas plus fort pour faire preuve d’un talent véritable. Le petit morceau instrumental servant d’introduction est parfaitement écrit. Le musicien avait à reproduire des airs de danse nègres, se mariant au chant des oiseaux. Il l’a fait d’une main très habile et très exercée. Il a réussi par le coloris, par le rythme, à tracer un tableau exquis. Son air et son duo sont moins bien, le duo surtout, parce qu’il n’y avait pas là matière à duo ; mais il se relève dans le trio par les belles et larges proportions de la prière, par l’esquisse magistrale de la tempête. Son exorde et sa conclusion sont tout à fait hors ligne : c’est ce que nous avons entendu de mieux depuis longtemps dans les cantates couronnées. Il y a là l’étoffe d’un musicien qui possède son art, qui sait concevoir et conduire un morceau, qui ne manque pas de souffle après une romance. Déjà au concours dernier, nous, qui avions entendu les six cantates, nous donnions la préférence à celle de M. Léonce Cohen, et nous ne doutions pas que l’Académie ne la lui accordât l’année suivante. C’est un élève qui fait beaucoup d’honneur à son maître, M. Leborne, l’excellent professeur du Conservatoire. L’exécution de l’ouverture et de la cantate n’en fait pas moins à M. Battu, second chef d’orchestre de l’Opéra, et toujours premier chef de l’orchestre académique. Boulo, Merly et Mme Potier ont fort bien chanté les trois rôles de la cantate. [...]

P.S.

Related persons

Librettist, Journalist

Édouard MONNAIS

(1798 - 1868)

Composer, Violinist

Léonce COHEN

(1829 - 1901)

Composer

Jules DUPRATO

(1827 - 1892)

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