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Académie des beaux-arts. Séance annuelle

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ACADEMIE DES BEAUX-ARTS.
Séance annuelle. — Distribution des prix. — Éxécution de la cantate.

L’Académie des beaux-arts montre vraiment du caractère : elle persiste à couronner chaque année un jeune compositeur, à l’envoyer à Rome, suivant l’usage, et voilà bientôt six ans que nos théâtres se dispensent d’essayer un seul de ceux qui en sont revenus ! MM. Duprato et Deflès sont les derniers lauréats qui aient obtenu l’honneur d’être joués à l’Opéra-Comique, et leurs prix dataient de 1847 et de 1848 ! Depuis 1855, pas un nom nouveau n’est parvenu à la lumière de la rampe, et il y en a là plusieurs qui attendent avec une impatience que l’on conçoit trop aisément. De ce nombre, les plus jeunes sont MM. Bizet, Colin David, Guiraud, qui du moins jouissent encore de la pension, et qui, à ce titre de pensionnaires, ont envoyé à l’Académie des travaux mentionnés avec éloges dans le rapport de M. Halévy, secrétaire perpétuel.

À l’ouverture de la séance solennelle, l’orchestre a exécuté des fragments d’une symphonie, un andante et un scherzo, dont M. Bizet est l’auteur. Disons franchement que l’andante ne nous a pas semblé d’une conception heureuse : c’est une sorte de complainte, entremêlée de fanfares foraines, sur le rythme et avec quelques réminiscences du sublime andante de la symphonie en la de Beethoven. En revanche, le scherzo a quelque chose d’ingénieux, d’élégant, de vif, et si ce morceau ne prouve pas que M. Bizet soit destiné à devenir un grand symphoniste, il atteste en lui plus de valeur et d’habileté musicale qu’il n’en faut pour écrire une agréable partition en un ou deux actes et même en trois.

La cantate de M. Dubois est certainement l’une des meilleures que nous ayons entendues. Le texte poétique avait pour sujet et pour titre Atala ; M. Victor Roussy n’en a pas tiré des situations bien fortes, mais elles fournissaient au compositeur une carrière suffisante, et M. Dubois en a profité avec un vrai talent. Son prologue instrumental est d’un style excellent, d’un coloris gracieux et tendre ; ses morceaux de chant ont le tour mélodique et se distinguent par une certaine franchise, une certaine liberté qui annoncent le maître. M. Dubois est élève de MM. Ambroise Thomas et Bazin ; sa cantate avait pour interprètes MM. Battaille, Warot et Mlle Monrose, dont les voix se sont fort bien mariées sous des voûtes malheureusement trop sonores ; comme à l’ordinaire, l’orchestre était conduit par M. Battu, père de la jeune cantatrice de ce nom. 

La part de la musique ne se bornait pas à l’audition des fragments de symphonie et de la cantate, ni à la distribution d’un premier grand prix, de deux seconds et d’une mention honorable, au profit de MM. Dubois, Salomé, Anthiome et Constantin. Plusieurs noms de musiciens, dont une musicienne, figuraient encore dans la programmation des prix, accordés en vertu de fondations et libéralités dont l’Académie dispose. Ainsi, MM. Léonce Cohen et Elwart ont été appelés au partage de l’un des prix fondés par M. le baron de Trémont. M. Charles Dancla et Mme Farrenc ont obtenu, chacun pour leur compte et sans partage, le prix créé par M. Charles-Jean Chartier, comme encouragement à la composition d’œuvres musicales de chambre, trios, quatuors, etc., qui, selon l’expression du testateur, « approcheront le plus des chefs-d’œuvre en ce genre. » Les autres candidats présentés à l’Académie par la section de musique étaient MM. Adolphe Blanc, Léon Kreutzer, Auguste Morel, directeur du Conservatoire de Marseille, et Eugène Sauzay. […]

Paul SMITH.

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