Séance publique de l'Institut

ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS. DISTRIBUTION DES PRIX.

Samedi a eu lieu, à l’Académie des Beaux-Arts, la distribution solennelle des prix et l’audition des deux cantates ayant obtenu, cette année, le premier grand Prix de Rome. Le poème à mettre en musique était Antigone, de Fernand Beissier. Antigone, condamnée à être enterrée vive, est enfermée dans un souterrain. Hémon, qui l’aime, la rejoint et, ne pouvant fléchir son père, Créon, il se poignarde ; Antigone meurt de douleur à ses côtés. Cette situation rappelle, par plus d’un point, la scène finale du 4^e acte d’Aïda. La séance s’est ouverte par l’audition de la cantate de M. Henri Büsser, élève du regretté maître Guiraud. Ses interprètes, M^lle Chrétien, MM. Clément et Manoury, ont fort bien mis en lumière les qualités de cette partition qui dénote un compositeur expérimenté. La déclamation, toujours très juste et très nette, indique un profond sentiment dramatique ; la personnalité de M. Büsser ne se dégage peut-être pas encore très nette de cette première composition ; il est permis, du moins, d’augurer de cette audition un heureux avenir pour le jeune lauréat. […] La séance s’est terminée par l’audition de la cantate de M. André Bloch, qui fut aussi un élève de M. Guiraud et qui acheva ses études sous la direction de M. J. Massenet. Le jeune âge du lauréat, – il n’a guère plus de vingt ans, – excuse certaines inexpériences, largement compensées d’ailleurs par des qualités de charme et d’abondance mélodiques qui ne peuvent que se développer. Il est aisé d’affirmer que ce jeune artiste a devant lui une brillante carrière. Le public n’a d’ailleurs pas ménagé ses applaudissements à l’œuvre aussi bien qu’à ses interprètes, Mlle Éléonore Blanc, MM. Commène et Grimault. L’orchestre était celui de l’Opéra, sous la direction de son premier chef, M. Taffanel. Cela suffit pour nous dispenser de faire l’éloge de l’exécution. 

A. HELER.