Romance sans paroles
Publiée en 1905 chez l’éditeur Lemoine, la Romance sans parole opus 56, en sol bémol majeur, de Mel Bonis est dédiée à la pianiste Paule Gayrard-Pacini. Son titre fait référence aux Romances sans paroles écrites par Félix Mendelssohn tout au long de sa carrière – dont bon nombre sont du reste dédiées à des femmes – et la pièce apparaît bien comme un vibrant hommage au compositeur. À l’instar de ses modèles, l’œuvre cultive une esthétique de la simplicité en même temps qu’une grande expressivité. Elle s’ouvre sur une mélodie jouée legato, à la rythmique régulière et aux profils mélodiques descendants conjoints, exposée alternativement à la main gauche et à la main droite, dans un tempo Andantino. Cette grande ligne jamais interrompue procède par transpositions et amplifications successives du matériau initial : crescendos, changements soudains de registre, utilisation expressive du médium du piano, renversements et agrandissements intervalliques, insertion de progressions chromatiques, effets de resserrement dans l’énoncé du matériau mélodique, superposition de motifs – qui donnent naissance à une forme de surenchère expressive culminant dans des climaxd’un grand lyrisme et immédiatement suivis de retours au calme qui permettent de relancer la tension. Tout au long de la pièce, le matériau mélodique est soutenu par un flux ininterrompu d’arpèges ascendants et descendants en doubles croches qui n’est pas sans rappeler certaines pages de Schumann et insuffle une énergie passionnée et une tension constante à cette partition haletante, d’une esthétique résolument romantique.
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Romance sans paroles (Mel Bonis)
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