La Jolie Fille de Perth

Essuyant la déception d’Ivan IV, dont le projet est successivement annulé par Baden-Baden puis refusé par l’Opéra, Bizet reçoit de Carvalho la commande d’un ouvrage pour le Théâtre-Lyrique. S’il n’en choisit ni le sujet, ni les librettistes, le jeune compositeur ne peut refuser cette opportunité. L’adaptation du roman de Walter Scott est confiée par le directeur à Henri de Saint-Georges et Jules Adenis. À Perth, la jolie Catherine et le forgeron Henry Smith se lient l’un à l’autre, quand le duc de Rothsay invite la jeune femme à le rejoindre pour le carnaval. Mais c’est la bohémienne Mab qui, sous un domino noir, retrouve le duc à la nuit tombée en se faisant passer pour Catherine. Croyant être trompé, Smith déshonore publiquement Catherine qui cède à la folie, tandis que Ralph le défie en duel. Alors que Catherine croit Smith mort, celui-ci réapparait et les amants se redisent leur amour. Peu satisfait du livret, Bizet en reprend lui-même de nombreux passages et achève la composition en décembre 1866. La partition de La Jolie Fille de Perth témoigne du grand sens théâtral de son compositeur et confirme son appartenance à l’école française. Malgré la qualité de l’ouvrage, Bizet rencontre toute la peine du monde à le faire créer. Initialement prévue pour les festivités de l’Exposition universelle de 1867, la création est repoussée de nombreuses fois par Carvalho, ce qui provoque la colère puis le découragement du compositeur. L’œuvre est finalement créée le 26 décembre 1867 et remporte un grand succès. Mais après dix-huit représentations, l’indisponibilité des interprètes scelle pourtant le sort de La Jolie Fille de Perth, retirée précocement de l’affiche.