Don Carlos
Opéra en 5 actes créé au Théâtre impérial de l'Opéra (salle Le Peletier) le 11 mars 1867.
Exaspéré par le comportement et les usages du monde lyrique parisien auxquels le confrontèrent Les Vêpres siciliennes (1855), Verdi n’en succomba pas moins une seconde fois aux sirènes de la « grande boutique ». Le 11 mars 1867, l’Opéra de Paris dévoila son Don Carlos sur un livret en cinq actes de Camille du Locle et Joseph Méry d’après la pièce de Schiller. La partition connut de multiples remaniements jusqu’à sa dernière version dite « de Modène » en 1886. De nos jours, on représente le plus souvent la mouture italienne en quatre actes de 1884, réalisée pour la Scala. La création parisienne avait été bien accueillie, sans triompher. S’il fallut du temps pour que Don Carlos occupe la place qu’il mérite, au sommet, c’est parce qu’il n’était pas en parfait accord avec les goûts de son temps. Synthèse du grand opéra (alors en perte de vitesse) et du melodramma italien, il offre encore des roulades enivrantes (« Air du voile » de la princesse Eboli) et des tableaux à grand spectacle (impressionnante scène de l’Inquisition à la fin de l’acte III). Mais, alors que l’Italie se bat pour achever son unité, Verdi se concentre sur les individus, les sonde avec une finesse psychologique remarquable et met en scène la faillite des idéaux politiques. Le duo de Posa et Carlos (« Dieu, qui semas dans nos âmes », acte II) traduit la vanité d’un héroïsme rongé par la mélancolie, tandis que Philippe II exprime sa solitude et ses désillusions (« Elle ne m’aime pas », acte IV). Dans ce grand monologue en marge des schémas préétablis, il s’avoue frère de Wotan et de Boris Godounov.
Documents and archives
Press illustration, Picture of a scene
Le Monde illustré, 1867/03/16 [Don Carlos]
Title page
Don Carlos, quadrille d'après Verdi (Arban)
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