Valse langoureuse op. 120
Saint-Saëns composa cinq valses isolées pour le piano, dotées d’un adjectif qui les singularise : Valse canariote (1890), Valse mignonne (1896), Valse nonchalante (1898), Valse langoureuse (1903) et Valse gaie (1912). Il dédia la Valse langoureuse à « S. A. le Prince Mohamed Aly Pacha » (frère du khédive d’Égypte), qui avait mis son palais à sa disposition à la fin de l’année 1901. Cette somptueuse demeure, dont la décoration rappelait celle de l’Alhambra de Grenade, baignait dans le parfum des roses et des figuiers. Elle était située dans la ville du Caire, plus précisément sur l’île de Roda (où Moïse aurait été sauvé des eaux). En souvenir de ce séjour enchanteur, Saint-Saëns écrivit sa valse en février 1903, alors qu’il se trouvait de nouveau au Caire. De forme ABA’, en mi majeur, la danse commence avec une certaine nonchalance, donnant la sensation que la mélodie se cherche. En dépit du lieu de sa composition et de son dédicataire, elle ne se préoccupe pas d’exotisme, bien que l’on puisse se demander si l’originalité de certains enchaînements harmoniques (parfois renforcée par la présence d’appoggiatures dans la mélodie) n’était pas perçue à l’époque comme une discrète touche orientalisante. La Valse langoureuse favorise des textures légères et transparentes, les dernières pages donnant lieu à une expression plus extravertie et à une écriture plus virtuose. Elle témoigne de la technique toujours solide du compositeur septuagénaire qui assura lui-même sa création, le 27 novembre 1906, au Carnegie Hall de New York.