Skip to main content

Théâtre de Monte-Carlo. L'Ancêtre

Category(ies):
Publisher / Journal:
Publication date:

Théâtre de Monte-Carlo
Première représentation (création) de l’Ancêtre, drame lyrique en trois actes, de M. Lucien Augé de Lassus, musique de M. Camille Saint-Saëns.

L’art musical vient de s’enrichir d’une très belle œuvre, l’école française compte un succès nouveau et M. Camille Saint-Saëns se montre, une fois de plus, digne de sa glorieuse renommée, puisque l’Ancêtre s’achève en triomphe sur la scène où, il y a deux ans, Hélène, du même compositeur, recevait le même accueil enthousiaste. Le théâtre de Monte-Carlo connaît des destinées heureuses ; un mécène magnifique, compétent et fidèle, les prévoit et les assure, tandis qu’un directeur, extraordinaire d’activité comme d’intelligence, les réalise merveilleusement.

Saint-Saëns et ses interprètes

La liste est déjà longue des partitions dont beaucoup aujourd’hui figurent au répertoire lyrique universel, que S. A. S. le prince, de Monaco choisit et produisit, aidé de M. Raoul Gunsbourg.

M. Camille Saint-Saëns s’est acquis, conserve et conservera, en cet art que si grandement il honore, une des premières places. Son génie haut et loin rayonne, plus complet, plus profond, plus curieux, plus nouveau, plus original à chaque manifestation. 

Camille Saint-Saëns

La souplesse du talent égale chez un tel maître les infinies ressources du métier, sa lyre a toutes les cordes, mais rarement ces dernières résonnent ensemble dans un même ouvrage. 

Le sujet de l’Ancêtre, âpre, violent, rapide, repose uniquement sur la vendetta corse, dont Mérimée popularisa, dans sa nouvelle de Colomba, et les circonstances et les détails.

Au premier acte, nous sommes en pleine montagne corse. Sur le devant de la scène, une Cabane rustique, à côté, quelques roches. Dans le fond, deux sentiers se croisent et se perdent dans les rochers l’un et l’autre ont, en bordure, une chapelle mortuaire, pareille à celle de nos cimetières. Sur celle de gauche, au fronton, est inscrit, en lettres très apparentes, le mot FABIANI ; celle de droite porte, en mêmes caractères PIETRANERA.

L’aube se lève. Rafaël, ermite octogénaire, sort de sa cabane et salue le soleil il fait des vœux pour que le jour, commencé dans la joie et la clémence, s’achève aussi paisiblement. 
Puis il découvre les ruches que, à l’aide d’une toile, il mit la veille à l’abri de la nuit, et familier, comme François d’Assise aux oiseaux, il s’adresse aux abeilles, ses « sœurs », et leur donne l’envol. Les fleurs embaument, la terre n’est qu’un bouquet de fête qu’elles aillent, suaves ouvrières, à leur labeur. L’essaim bourdonnant se disperse. Le moine nous apprend qu’il a convoqué par-devant lui les deux familles ennemies, l’une de l’autre meurtrières, et qu’il a résolu de désarmer la haine qui anime et les Pietranera et les Fabiani. Viendront-ils tous, entendre les paroles de conciliation ? Nunciata Fabiani, l’aïeule, farouche gardienne du sentiment de vengeance, consentira-t-elle à pardonner ? Un jeune officier, qui s’est attaché à la fortune de Napoléon (l’action se passe en 1825), Tebaldo, de la famille des Pietranera, interrompt les réflexions amères du saint homme, ravi de revoir Tebaldo, dont il fit l’éducation chrétienne. L’officier raconte son aventure belliqueuse et voudrait bien la terminer dans son pays natal, où un congé le ramène, et un secret amour aussi. À travers les rochers, venant du village, apparaissent des groupes d’hommes et de femmes qui, lentement, se rangent à gauche sur la scène. Tebaldo reconnait ses parents, ses amis, ses serviteurs. Les Fabiani s’avancent à leur tour et prennent place droite. À leur tête, on remarque : Vanina, petite-fille de Nunciata, puis Margarita, sœur de lait de Vanina, et Bursica, le porcher ; serviteur des Fabiani.

Tandis que le moine se félicite de pouvoir bientôt bénir les deux familles que ne séparera plus l’horrible vendetta, chacun des partis s’engageant déjà à cette trêve, Nunciata Fabiani descend le sentier, conduite par Leandri, son petit-fils. Le moine lui expose son projet il espère qu’elle aussi, comme ses parents, renoncera à ses idées de vengeance. Nunciata se tait. L’assistance adresse au Dieu de clémence une prière pour fléchir la résistance de l’aïeule. Nunciata garde toujours le silence. À une supplication très pressante de l’ermite, elle répond enfin d’un « Non » énergique, qui la fait maudire de Rafaël. Les Pietranera et les Fabiani se retirent. Margarita s’en irait également. Tebaldo la retient. Bien vite, les souvenirs de l’enfance commune sont évoqués, l’aveu, secrètement et depuis longtemps formulé par le cœur, s’échappe des lèvres, l’idylle fleurit, insouciante de la haine et de la mort, l’amour est vainqueur. Le soir va tomber, Margarita s’échappe et dit « à demain ». Tebaldo, lui aussi, s’éloigne, écoutant à peine le moine qui l’avertit de prendre garde aux Fabiani. Voici le crépuscule. Les fleurs se sont closes, l’essaim est revenu au rucher ; après-un bonsoir aux abeilles, ses sœurs, le moine rentre dans sa cabane. La nuit verse à tous et partout l’oubli, et la paix.

Renaud, Lequien, Rousselière et Gunsbourg

Une habitation rustique. Vaste cour, au fond porte charretière donnant sur la campagne. À gauche, le logis. C’est le décor du second acte et la demeure des Fabiani. L’aïeule, Nunciata, que n’émut pas l’anathème du moine, repose, très calme, dans la pièce voisine. Vanina, qui aime Tebaldo, ne peut s’empêcher de trembler d’effroi. Un pressentiment l’agite. Des voix lugubres montent dans le soir lointaines d’abord et confuses, puis distinctes ce sont les prières des trépassés que l’on chante. Tout à coup, la porte s’ouvre, quatre hommes portent une civière et la déposent en scène à la lueur d’un falot, Vanina reconnaît Leandri, la poitrine trouée d’une balle. Le chant du Requiem a réveillé Nunciata. Sur le seuil de sa chambre, elle se dresse « Je rêvais de mon fils » dit-elle. Elle entend la prière funèbre elle s’approche du corps de Leandri. Elle chancelle. « Taisez-vous, s’écrie-t-elle, soudain, plus forte :

C’est à moi de parler, à moi qui suis l’aïeule
Et je parlerai seule !
Hommes, femmes, debout !

Alors commence la scène poignante du vocero où, tour à tour, l’accent maternel le plus désolé, le plus émouvant et le cri de vengeance implacable se succèdent, séparés l’un et l’autre par ces trois mots, répons sublime, abîme de douleur : ils l’ont tué

Il était bon à ma vieillesse,
Il' soutenait mes pas tremblants
Il mettait mon âme en liesse,
Il embrassait mes cheveux blancs.

L’éloge funèbre du défunt terminé, à la demande de la tragique aïeule, chacun jure la guerre aux Pietranera. La sentence de mort édictée, qui devra l’accomplir ? Vanina et la jeune Corse, non sans un moment d’hésitation, jurent la vendetta. Nunciata regagne sa couche. À Vanina qui veille près du corps de son frère, Bursica, le porcher, vient apprendre le nom du meurtrier de Leandri : c’est Tebaldo.

Troisième acte. Un beau site de lumière, dont la mer est le fond fontaine rustique ombragée d’un buisson fleuri. À droite, une petite chapelle. Margarita se promène en cueillant des roses et en chantant, toute à son rêve amoureux. Elle s’éloigne par le sentier, pendant qu’un groupe de femmes et de jeunes filles viennent à la fontaine, remplissent les cruches et babillent gaiement. L’austère ermite, Rafaël, les met en fuite. Il reproche à Tebaldo d’avoir tué Leandri. L’officier s’explique il a été attiré dans un piège par le Fabiani, et il ajoute que, s’il l’a tué, c’est qu’il était en état de légitime défense. « Quitte alors ton pays », lui suggère le moine. « Jamais », répond Tebaldo.

Ah que plutôt je meure
S’il fallait partir sans revoir,
Sans que pour jamais m’appartienne
Celle qu’appellent tous mes veux !
C’est ma conquête, je la veux !

« Et c’est moi qui la ferai tienne », déclare le bon Rafaël attendri. Et les amants se dirigent vers l’église, souriants et bénis, suivis de l’ermite.

 

Depuis huit jours, Vanina hésite, se refuse à payer la dette de sang. Elle a juré. Voici Bursica, le porcher, qui lui rappelle ce serment et qui lui présente un fusil chargé de deux, balles. « Laisse-là ton arme dit-elle en congédiant le serviteur. De nouveau son âme est en proie à l’affreuse fatalité qui fait de la victime nécessaire l’objet d’un ardent amour. La jalousie décidera Vanina, car son Tebaldo aime Margarita. Le couple sort de la chapelle où le moine les a unis. Déjà Vanina apprête son arme. « Attends encore quelques instants, dit Nunciata, ils sont trop près de la chapelle, la maison du Seigneur est lieu d’asile, laisse-les s’éloigner. »

Insoucieux, Tebaldo et Margarita égrènent, en marchant, le chapelet des paroles d’amour, Nunciata et Vanina les observent. Cette dernière prend à nouveau le fusil mais le laisse retomber aux pieds de l’aïeule, en avouant son amour pour Tebaldo. Des mains de la parjure, l’aïeule saisit l’arme et suit Margarita et Tebaldo. On entend un premier, puis une seconde détonation. Nunciata s’éloigne, certaine d’avoir frappé le meurtrier de son petits-fils Leandri, alors qu’elle a réellement atteint sa petite-fille Vanina, qui meurt heureuse d’avoir donné sa vie pour celui qu’elle aimait.

Augé de Lassus


Telle est, analysée en détail, la pièce que M. Lucien Augé de Lassus, déjà librettiste de Phryné, a fournie à M. Camille Saint-Saëns, et qui est remarquable par la tenue dramatique, l’intensité des sentiments et la logique des situations. Les trois actes de l’Ancêtre dénotent chez celui qui les agença une réelle habileté, tant les scènes s’enchaînent heureusement dans une opposition savante, allant de la violence à la naïveté, de l’ampleur tragique à l’idylle toute simple et de la terreur au charme, et cela sans trop de heurts, avec une naturelle succession. Le personnage du moine Rafaël nous semble une trouvaille. Sa philosophie, sa bonté généreuse, mais vaine, augmentent l’intérêt de l’action. Un pareil ermite exista-t-il jamais au pays de la vendetta, et jusqu’à quel point, s’il se fût rencontré, se serait-il mêlé de la querelle entre les Pietranera et les Fabiani ? La vendetta se pratiquait, s’observait rigoureusement comme une religion dans les familles corses, et ce principe de l’honneur, qui, pour être vrai, doit tuer, passait par-dessus tous les autres sentiments. La voix du prêtre ne se devait faire entendre au vocero que pour implorer de Dieu et du patron de la victime assistance et pitié. D’où, au second acte de l’Ancêtre, le « Taisez-vous » jeté énergiquement par Nunciata aux femmes qui psalmodient le Requiem, autour du cadavre de Leandri. 
D’un commun accord, compositeur et librettiste ont manifestement, chacun dans leur partie, tenu à rester sobres, précis et même brefs. L’un et l’autre pouvaient se livrer aux développements épisodiques, aux hors-d’œuvre ajouter un tableau. Celui de la rencontre entre Tebaldo et Leandri, par exemple, ne souffrait aucune difficulté. MM. Augé de Lassus et Camille Saint-Saëns s’en sont bien gardés. La partition du maître compositeur épouse le livret et le suit pas à pas.

Acte II scène finale

Un court prélude, dont la plus grande partie se joue le rideau levé, tandis qu’en scène l’aube, peu à peu, remplace la nuit, dit, par de jolis dessins de flûte, des envolées de harpe, la paix du jour nouveau, salué par le moine. C’est ensuite le ravissant épisode des abeilles, dont M. Renaud si parfaitement détailla les strophes, écrites sur un véritable bruissement, imité, reproduit à s’y méprendre par les violons. Miracle d’harmonie et de combinaisons instrumentale dont M. Camille Saint-Saëns a l’habitude et le secret L’essaim entier bourdonne, palpite, léger, joyeux, et donne, dirait-on, une, aubade, autant au jour éclos qu’au bon moine qui les élève et contre la fraîcheur les protège.

Rafaël expose son projet de concorde, que ne partagera pas sans doute Nunciata (prétexte adroit chez le compositeur pour exposer le thème de la haine et de la vendetta). Voici Tebaldo. Duo plein d’allure. Sur un motif alerte où le plus curieusement du monde entrent un reflet, un souvenir de Marseillaise, le jeune officier explique ses succès guerriers : Napoléon m’a pris dans son sillage, et son étoile me conduit... Citons rapidement le chœur des Pietranera et des Fabiani, énergique et puissant, abjurant leur commune vendetta sur les conseils de l’ermite la rudesse sauvage du porcher Bursica, pour arriver à la scène capitale : celle où Nunciata, suppliée par tout le village réuni, refuse d’adhérer au pacte de réconciliation. La maestria de M. Camille Saint-Saëns éclate ici dans toute sa force, sa musique ne fut jamais plus poignante, n’exprima jamais mieux l’angoisse et par d’aussi simples moyens. Le silence farouchement obstiné de l’aïeule, les prières mêlées de Margarita et de Vanina, essayant, elles aussi, d’obtenir une réponse ; le mot « grâce », chanté à l’unisson, portent à son comble l’anxiété ; le non implacable de Nunciata, suivi de l’anathème lancé par l’ermite, tout cela est rendu vocalement et symphoniquement avec une effrayante vérité. N’oublions pas, toujours à ce premier acte, le duo-de Tebaldo et de Margarita, jeunes, frais et gazouillant. Voici enfin, même enchantement qu’au début, la chanson des abeilles qui recommence, bourdonne, et peu à peu s’évanouit.

Une quarantaine de mesures composent le prélude du second acte. Vanina, seule, dit sa passion pour Tebaldo. Ce dernier l’aimera-t-il ? L’orchestre, troublé, houleux, traduit l’effroi de la pauvre fille, à qui on apporte le corps de son frère Leandri. Nunciata paraît. Le vocero, coupé d’imprécations et de sanglots, où vraiment, comme les paroles, la musique pleure, rugit et maudit, se déroule dans la douleur et l’épouvante. Aucun compositeur ne pouvait faire produire à cette scène un tel effet ; il est juste aussi d’ajouter qu’aucune artiste au monde n’est capable de personnifier ainsi Nunciata, vocalement et plastiquement, évoquée si vivante, si affreuse, si inhumaine, et pourtant si maternelle, que Mme Félia Litvinne. M. Camille Saint-Saëns a mis en ce personnage, en cet acte tous les efforts de son génie ; de son côté, l’incomparable, tragédienne lyrique y dépensa toute son âme et y vibra de tout son cœur.

Après le drame, l’idylle ; à peindre l’une après l’autre, M. Camille Saint-Saëns excelle : la gaieté des fillettes à la fontaine nous gagne ; leur causerie, où des soprani aux contralti un rythme alerte babille, moqueur et frivole, succède au duo entre Tebaldo et Rafaël. Margarita vient à poindre pour un joli trio qui n’est pas sans rappeler, de très loin toutefois, celui du mendiant, dans Ascanio. Il a le même accent tendre, ingénu et joli. On l’applaudit aussi sincèrement qu’il a fait plaisir. Le monologue-récit de Vanina, que coupe l’intervention de Nunciata, l’anathème de l’aïeule contre sa petite-fille, les deux coups de feu, la fatale méprise de la farouche vieille, tout cela se succède rapidement. La partition s’achève dans une tenue remarquable de grandeur, de sévérité et de fatalité quasi mystique. 

M. Camille Saint-Saëns ne pouvait, écrivant une œuvre nouvelle, d’un caractère si différent des autres, diminuer son renom et sa gloire. Eh bien l’Ancêtre, qu’un public enthousiaste hier accueillit par des ovations multipliées, à la chute du rideau de chaque acte, ajoutera à sa couronne artistique un fleuron tout spécialement brillant. 

Il faut savoir gré à S. A. S. le prince de Monaco d’avoir demandé M. Camille Saint-Saëns, son collègue de l’Institut, de composer, pour le théâtre de Monte-Carlo cette partition noble, pure, vigoureuse et colorée. Il était d’une gratitude naturelle que, sur la première page de l’Ancêtre, le nom du prince fût écrit. Le compositeur n’a pas manqué d’acquitter cette dette de reconnaissance. M. Camille Saint-Saëns convient aussi qu’il n’eût trouvé nulle part autant d’art, d’activité et de dévouement pour la réalisation de son ouvrage.

Acte III (scène finale)

M Raoul Gunsbourg, véritable collaborateur, d’une inlassable activité, d’une minutie sans cesse en éveil, a mis à la disposition du grand compositeur français une interprétation sans égale dans n’importe quel théâtre d’opéra. Il a engagé, pour créer Nunciata, Mme Félia Litvinne. Nommer la cantatrice, c’est faire son éloge. Elle incarne la tragédie lyrique. Plastiquement, vocalement. C’est la perfection, l’irréprochable. Âme supérieure, éprise de beauté, vibrante d’expression, rythmique et musicale par excellence, esprit ouvert à toute intelligence, cœur ouvert à toute bonté, la créatrice de la terrible aïeule vient de marquer sa carrière d’un triomphe nouveau, comme les autres, éclatant, incontesté, comme les autres.

Margarita, c’était Mlle Géraldine Farrar. Son talent, sa grâce et sa voix vont de pair, et sa réputation vaut son mérite. Une fois encore elle prouve notre affirmation dans cette exquise Margarita, qui représente, en ces trois actes sombres et violents, le charme, la douceur et le sourire. Tebaldo est conquis par sa jeunesse, les spectateurs l’ont été de même : leurs hommages sont vrais et fidèles.

Dans Vanina, Mlle Charbonnel a fait preuve de qualités dramatiques de premier ordre. C’est une artiste d’avenir, qui a donné mieux que des promesses.

M. Renaud jouait et chantait Rafaël. À dessein je souligne chant et jeu, parce que tous les barytons ne possèdent pas au même degré ce double don. Il y longtemps qu’on ne conteste à l’éminent baryton pas plus l’un que l’autre. Pourtant, on convenait hier, dans la salle, après l’Ancêtre, que M. Renaud s’était surpassé.

M. Rousselière, en Tebaldo, fut le ténor impeccable, chaleureux, qu’on apprécie à Paris comme à Monte-Carlo, et que l’Amérique jugera bientôt aussi. Son organe généreux, ardent et souple, se joue de toutes les difficultés ; il aborde les airs de bravoure en se jouait, et en triomphe avec aisance. Son succès a été énorme.

M. Lequien, dans le rôle secondaire de Bursica, le porcher, a su faire applaudir une voix de basse bien timbrée il a chanté avec style et mesure, et composé très heureusement son personnage.

M. Jehin, le chef d’une phalange d’instrumentistes hors pair, a compris et rendu avec la précision, la chaleur dont il est coutumier les moindres pages de la partition de M. Camille Saint-Saëns. Il a droit à tous les éloges que, d’ailleurs, personne, compositeurs, artistes, public, ne lui marchanda jamais.

Quand nous aurons dit que les chœurs sous la direction de MM. Vialet et Moonen furent remarquables, et que les décors de M. Visconti nous sont apparus merveilleux de lumière et d’ingéniosité, nous aurons à peu près rendu justice à tous ceux qui ont contribué à faire de cette première de l’Ancêtre une inoubliable soirée.

Related persons

Composer, Organist, Pianist, Journalist

Camille SAINT-SAËNS

(1835 - 1921)

Soprano

Félia LITVINNE

(1860 - 1936)

Pianist, Soprano

Géraldine FARRAR

(1882 - 1967)

Contralto

Marie CHARBONNEL

(1880 - 1969)

Tenor

Charles ROUSSELIÈRE

(1875 - 1950)

Composer, Librettist, Theatre director

Raoul GUNSBOURG

(1859 - 1955)

Baritone

Maurice RENAUD

(1860 - 1933)

Librettist, Poet

Lucien AUGÉ DE LASSUS

(1841 - 1914)

Related works

L'Ancêtre

Camille SAINT-SAËNS

/

Lucien AUGÉ DE LASSUS

Permalink