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Hymne à la Justice op. 4

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Bien que le titre laisse attendre une œuvre vocale, l’Hymne à la Justice est en fait un poème symphonique que Magnard composa en 1901-1902 en réaction à l’affaire Dreyfus. Il avait immédiatement apporté son soutien à Zola lors de la publication de « J’accuse » : « Marchez ! Vous n’êtes pas seul. On se fera tuer au besoin. » Il dédia l’Hymne à la Justice à Émile Gallé, lui aussi dreyfusard de la première heure. C’est d’ailleurs à Nancy, ville du célèbre maître verrier, que sa partition fut donnée en première audition, le 4 janvier 1903, sous la baguette du fidèle ami Guy Ropartz. Elle est fondée sur deux éléments thématiques fortement contrastés : au premier, sombre, fébrile et saccadé, s’oppose le second, cantabile, à la tendresse ourlée de mélancolie. Le conflit se résout dans les dernières pages, solaires et triomphantes. S’il est impossible de déceler l’engagement politique du compositeur à la seule écoute, il est en revanche aisé d’articuler la fonction dramatique du matériau. Lors de la création, Le Libéral de l’Est entendit ainsi dans les deux thèmes « la révolte des opprimés » et « une sorte de prière et d’invocation à la justice ». Mais, après la mort de Magnard, Le Ménestrel commenta un concert donné le 28 décembre 1920 en ces termes : « L’âpreté un peu farouche du talent d’Albéric Magnard imprègne son Hymne à la Justice et en accuse surtout la violence douloureuse. La tendresse ne s’épanouit pas en sérénité. Ce n’est pas l’apaisement auquel convie un Dieu d’Amour, mais le pardon d’un Jéhovah colère et punisseur. » On peut lire là une allusion voilée à l’affaire Dreyfus.

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publication date : 06/09/23



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