Musique. Lancelot
MUSIQUE
Opéra. – Lancelot, drame lyrique en quatre actes et six tableaux de MM. Louis Gallet et Édouard Blau, musique de M. Victorin Joncière.
Après Dimitri, son ouvrage le meilleur et qui, dans un temps où l’on ne connaissait pas en France Tannhaüser et Lohengrin, parut inaugurer de nouvelles tournures mélodiques, la « façon » de M. Victorin Joncières demeura résolument immuable. Même, aujourd’hui, il semble que le compositeur éprouve une joie douce à remonter vers un lointain passé : non pas celui de Glück, mais celui d’Halévy. Un chœur d’orphéon, une cavatine, un ensemble à la tierce ne l’effraient nullement. M. Joncières veut ignorer la rénovation du théâtre lyrique.
Certes, la puissance du génie a quelquefois raison d’une facture surannée. Mais il est arrivé que, plus il s’acharnait aux vieilles coupes, coupes sombres, plus l’auteur de la Reine Berthe rogna les ailes à son inspiration.
Depuis la Juive (la Juive ! je ne mens pas), jusqu’à Wagner (première manière), en passant par le père Gounod, dessins de phrase, cadences, harmonies, combinaisons de timbres, toutes les formules sont dans Lancelot du Lac, comme toutes les adresses sont dans le Bottin.
Pas une idée, pas une sonorité, pas une résolution d’accord qui ne soit escomptée d’avance.
Chaque famille d’instruments, d’un impeccable métier, « bien fait », de tout repos (bon placement de père de famille), mais à ce point invertébré que l’on ne trouve pas une page à citer dans cette partition flasque.
Si, pourtant. Et je me hâte : le second duo au quatrième acte où des accents d’émotion s’enlèvent sur une trame symphonique solide et ferme…
L’excuse de M. Joncières est en ses librettistes qui, d’une fiction délicieuse, firent un livret d’opéra souverainement poncif.
Il n’y a ni personnages, ni rôles dans l’ouvrage représenté hier soir. Il y a des chanteurs ; il y a des mezzo-soprano, soprano, des ténor, baryton, basse… Et tout le monde sait que Mlle Delna, Mme Bosman, MM. Vaguet, Renaud, Fournets, excellent en ces différents emplois.
Sur des airs médiocres, Mlle Sandrini danse joliment dans un beau décor.
Sous la direction dévouée de M. Paul Vidal, l’orchestre fournit une exécution vigoureuse et souple.
B. Marcel
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Victorin JONCIÈRES
/Édouard BLAU Louis GALLET
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publication date : 01/11/23