L’Éclair d’Halévy
THÉÂTRE ROYAL DE L’OPÉRA-COMIQUE
L’Éclair, opéra-comique en trois actes, paroles de MM. de St-Georges et Planard, musique de M. Halévy.
Représenté, pour la première fois, le mercredi 16 décembre 1835.
Il faut s’empresser d’annoncer le succès complet, brillant, mérité, de cet ouvrage. On l’a constamment applaudi et, à la fin, M. Halévy, traité tout-à-fait à l’italienne, comme M. de Ruolz à Naples, comme M. Elwart à Rome, a été appelé à grands cris par toute l’assemblée et amené sur la scène par les quatre artistes qui l’ont admirablement secondé dans cette circonstance, par mesdames Pradher et Camoin, par MM. Cholet et Couderc.
Combien, pour notre compte, nous avons de remerciemens à adresser à ce jeune compositeur, qui vient de prouver, avec autant de talent que de verve, que l’on pouvait faire encore de l’opéra-comique au théâtre de la place de la Bourse ; que l’on n’avait pas essentiellement besoin du luxe des costumes et des décorations, de l’attirail des chœurs, pour plaire, pour obtenir de grands succès ; dont nous voudrions que l’exemple fût suivi, dans l’intérêt de l’art, de notre second théâtre lyrique, et de tous les théâtres de la France, qui vivent plus de l’opéra-comique que du grand opéra.
Le poème offre une fable touchante, développée et conduite avec adresse : quatre personnages seuls s’y trouvent.
[Résumé de l’intrigue]
La pièce, nous l’avons dit, est intéressante. Le troisième acte est un peu faible, mais on n’a pas le temps de s’en apercevoir ; les détails en sont de bon goût, et puis la musique ferait oublier tous les défauts du monde.
À l’exception d’un ou de deux morceaux qui ne sont peut-être pas à leur place, il n’y a qu’à louer dans cette partition, écrite avec autant de goût que de charme, et exécutée par l’orchestre et les artistes d’une manière irréprochable.
Le duo d’introduction n’a pas paru très heureux, mais le trio qui le suit entre Georges et les deux sœurs a fait le plus grand plaisir ; puis un grand air, au milieu duquel M. Halévy a placé une délicieuse prière de matelot ; puis un orage, un final. Au second acte, nous rappellerons des couplets remplis d’âme et de mélodie, chantés par le pauvre aveugle ; le quatuor qui le suit, morceau semé de détails charmans ; le final de ce second acte qui commence par un quatrain que Georges chante de la manière la plus comique ;
Après ce tour de perfidie,
Combien je dois bénir le sort,
D’avoir fait ma philosophie
À l’Université d’Oxford !
Il faudrait vraiment citer la plus grande partie de l’œuvre de M. Halévy pour être complètement vrais. L’auteur de la Juive a justifié les éloges qu’on lui avait donnés avec tant de plaisir et d’unanimité.
Nous avons parlé de l’exécution, il n’y a pas moyen de lui adresser un reproche. M. Cholet a rempli de la manière la plus remarquable le rôle de Lyonnel, il l’a chanté surtout avec une âme, un goût, qui lui font honneur. Nous ne craignons pas de dire que cette création est une des meilleures de cet artiste distingué, depuis le commencement de sa carrière dramatique. M. Couderc, sous les traits de Georges, a été aussi heureux que dans le Guillaume du Châlet.
Le rôle de madame Darbel exigeait une comédienne. À qui pouvait-il être confié mieux qu’à madame Pradher ? Elle y a été charmante de toutes façons, et a fait autant valoir la prose que la musique. Ses costumes étaient délicieux d’exactitude et de goût. Mademoiselle Camoin veut nous laisser des regrets, et se ménage une réception brillante à Toulouse, qui la possèdera au mois d’avril prochain. Le rôle d’Henriette lui fait honneur, et comme cantatrice, et, ce à quoi peut-être nous n’osions pas nous attendre encore, comme comédienne. Elle a été aussi intéressante que vraie dans les nombreuses situations dramatiques où se trouve le personnage qu’elle représente.
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/Henri de SAINT-GEORGES
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publication date : 21/09/23