Opéra-Comique. Cendrillon. Julia Potel

Opéra-Comique
CENDRILLION. Mlle Julia Potel.

M. Carvalho, a repris Cendrillon pour servir au début de Mlle Potel, la fille du trial bien connu de l’Opéra-Comique, l’élève de Mme Miolah. Ces reprise et début étaient-ils bien nécessaires ?

L’opéra de Nicolo, singulièrement vieilli, ne possède pas la verve qui résiste à l’injure du temps. Le duo des deux sœurs au lever du rideau : Arrangeons ces fleurs, ces dentelles, auquel vient se mêler la petite chanson de Cendrillon : Toto Carabo ; la romance de cette dernière : J’suis modeste et soumise ; l’air d’Alidor : Conservez bien votre bonté et plusieurs autres morceaux de la partition sont d’une aimable facture et s’écoutent volontiers, mais on n’est nullement tenté de les faire redire.

Quant à Mlle Julia Potel, certes elle eût été bien inspirée en priant son éminent professeur de patienter quelques années avant de la produire sur la scène... de l’Opéra-Comique ! Cela lui aurait permis de donner à sa voix plus de sûreté et de force et de se faire apprécier en artiste. Pour l’instant nous voyons une enfant bien douée, mais rien qu’une enfant.

C’est, paraît-il, une mode en ce moment que de faire débuter avant maturité. Dernièrement nous avons entendu une jeune fille à peine formée, aujourd’hui on nous en présente une autre qui ne l’est pas du, tout. Que sera-ce demain! Nous ne saurions protester avec assez d’énergie contre ce système déplorable au point de vue artistique et dangereux pour ces petits prodiges dont on court le risque de briser l’avenir. Quant au public, il ne regrettera pas ces virtuoses à peine sevrés qu’il nous est déjà trop souvent donné d’entendre dans les salons. Ne forçons pas notre nature et prenons patience ! C’est le meilleur conseil à donner et... à suivre.

Une fois ces regrets exprimés, nous sommes heureux de reconnaître que Cendrillon est monté avec goût. Un divertissement les Saisons, a même été ajouté et produit un effet gracieux et original.

LÉON SAULT.