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Les Abencérages de Cherubini

Categoria/e :
Editore / Giornale :
Data di pubblicazione :

Académie Impériale de Musique
Les Abencérages

Que d’ouvrage ! Je n’en viendrai jamais à bout. Un grand opéra nouveau ; une rentrée et un début aux Français ; un vaudeville rue de Chartres : une farce aux Variétés : je ne puis donner à chaque objet qu’un coup d’œil, ne puis en dire qu’un mot : commençons par l’opéra. Les Abencerrages étaient une tribu des Maures ou Sarrasins, alors maîtres d’une grande partie de l’Espagne cette tribu étoit l’ennemie de celle des Zégris. L’inimitié des Abencerrages et des Zégris est moins célèbre dans nos romans que la galanterie des Maures de Grenade : je ne sais cependant en quoi pouvait consister cette galanterie d’une nation de musulmans chez laquelle les femmes étaient esclaves et prisonnières à moins qu’on ne suppose que les Maures avoient adouci en Espagne la rudesse de leurs mœurs musulmanes : la galanterie est incompatible avec l’esclavage des femmes.

Les Espagnols, à cette époque, étaient bien plus galans que les Maures de Grenade. Les femmes eu Espagne étaient assez gardées pour irriter l’imagination des amans ; mais elles n’étoient pas la propriété d’un maître : circonstance qui tue la galanterie.

Quoi qu’il en soit il n’y a point de galanterie dans cet opéra quoique l’Opéra se pique d’être galant. Au lieu de galanterie, il y a des crimes et des vertus ; il y a aussi un mariage, une noce interrompue, un combat en champ-clos, etc. Almanzor, chef de la tribu des Abencerrages, célèbre son hymen avec la belle Noraïm ; les fêtes ont succédé aux hostilités Gonzalve de Cordoue, la fleur des chevaliers espagnols, est, venu à ces solennités avec ses Castillans. Ce Gonzalve de Cordoue, héros dont le roman et l’histoire s’accommodent également, a déjà paru sur des théâtres moins dignes de que celui de l’Opéra. Admirateur généreux du courage et de la vertu dans un Sarrasin et dans un Musulman Gonzalve est ami d’AImanzor ; et prend part à son bonheur ; mais la tribu des Zégris a un chef bien différent d’AImanzor ; il s’appelle Alémar : il a juré la perte d’Almanzor ; et d’abord, pour troubler les réjouissances de son mariage, il supposé un ordre du roi de Grenade pour reprendre sur-le-champ les hostilités : on crie dans toute la ville Allez-vous en, gens de la noce ! Gonzalve et ses Castillans courent aux armes, le combat s’engage. Almanzor, général des Sarrazins, remporte la victoire, mais il perd le drapeau national : ce n’est pas sa faute, c’est celle du porte-drapeau : n’importe, la loi des Maures veut que le général soit responsable de la lâcheté ou de l’infidélité du porte-drapeau. Le traître Alémar, chef des Zégris avait corrompu celui qui portait le drapeau. Almanzor a beau étaler une foule de drapeaux enlevés aux ennemis, il a perdu le sien, il est digne de mort : cependant les vieillards, par une grâce singulière, veulent bien se contenter de l’exil ; mais ils ne permettent pas à l’exilé d’emmener sa femme ; ce qui, pour un nouveau marié bien amoureux, est un supplice plus cruel que la mort. En outre, il est défendu à l’exilé, sous peine de mort, de remettre le pied sur le sol de la patrie : voilà certes un brave guerrier, un vainqueur traité d’une manière bien barbare, pour un dépendait pas de lui de conserver. Les Arabes, à cette époque, étaient, dit-on, fort savants ; mais ils n’étaient ni justes ni humains. Que savaient-ils donc ? et qu’est-ce que la science qui n’éclaire pas l’esprit et la raison ?

Le malheureux Almanzor est bien résolu, malgré la loi, d’emmener sa femme ; il se tient caché dans des roseaux, sur le bord d’une rivière qui baigne les murs de Grenade : il est déguisé en esclave ; une barque est prête pour sa femme et pour lui. Sa femme, bien inspirée, vient au même endroit, déterminée de s’enfuir et à rejoindre son mari ; mais le perfide Alémar est là : c’est l’espion des deux époux ; il a main-forte, et s’empare de ces infortunés au moment où ils vont fuir ensemble ; AImanzor est condamné à mort comme exilé rentré. Ces vieillards de Grenade étaient des barbares imbécilles. Comment pouvaient-ils regarder comme exilé rentré celui qui avoit à peine eu le temps de sortir, et qu’on pouvoit croire revenu sur ses pas pour dire adieu à sa femme ? AImanzor peut cependant éviter la mort si un guerrier prouve, en tuant l’accusateur, que l’accusé est innocent. Il paraît que la tribu des Abencerrages était composée de lâches ; aucun d’eux ne se présente pour défendre son chef : c’est un étranger, c’est un inconnu qui s’avance pour soutenir, les armes à la main, l’innocence d’AImanzor. Le combat a lieu, sur la scène il a produit peu d’effet on se bat mieux aux Boulevards qu’à l’Opéra. Ce n’est point ̃Alémar c’est un Zégri, son confident, qui se bat à sa place ; un pareil emploi de confident est très onéreux. Le confident est tué mais Alémar le suit de près. Le vainqueur se fait connaître, c’est Gonzalve de Cordoue : il porte, un drapeau couvert d’un crêpe noir. Le crêpe enlevé, laisse voir le drapeau de Grenade qu’un traître lui a livré : toutes les perfidies d’Alémar se découvrent. Pendant que ce monstre est conduit au supplice on danse pour faire oublier aux époux les dangers et les chagrins de la journée.

Il y a peu d’action dans les premiers actes peut-être un peu trop dans le troisième. Ce n’est ici qu’un aperçu léger, je reviendrai sur cet ouvrage : l’auteur est M. Jouy qui a déjà fait la Vestale, et je ne sais combien d’autres opéras ; et en dernier lieu Tipo-Saëb. Le musicien est un compositeur de l’Europe, dont le nom a le plus de réputation, et dont les ouvrages ont le moins de succès au théâtre.

Sa musique, prodigieusement vantée dans les écoles, brille rarement sur la scène ; cette musique, dit-on, est très savante, très bien écrite, mais peu dramatique. En littérature il y a des ouvrages écrits correctement qui sont fort ennuyeux, parce qu’il y a peu de mérite à éviter les fautes :

Vitavi denique culpam
Non laudem merui.

Mais l’ouvrage bien écrit plaît toujours. Si la musique de M. Cherubini manque de mélodie, d’expression et de verve ; je dis qu’elle n’est ni savante ni bien écrite parce que la science et le style qui n’aboutissent qu’à ennuyer, sont une science fausse et un mauvais style. Le but de l’art est de plaire ; on n’est savant, on n’écrit bien en musique qu’autant qu’on plaît. Les danses sont très agréables on les a trouvées un peu longues : rien de trop est la devise la plus essentielle, et dans la conduite de la vie et dans la pratique des arts ; je reviendrai sur tout cela. Je me hâte de passer au Théâtre Français, où Damas débute dans le Misanthrope, où Mlle Levard rentre dans Célimène.

Geoffroy

Persone correlate

Compositore

Luigi CHERUBINI

(1760 - 1842)

Opere correlate

Les Abencérages ou L’Étendard de Grenade

Luigi CHERUBINI

/

Étienne de JOUY

Permalink

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data di pubblicazione : 21/09/23