Semaine théâtrale. Jean de Nivelle (répétition générale)

SEMAINE THÉÂTRALE

Bien que les répétitions générales de Jean de Nivelle n'aient pu rester à l'état de mystère pour le Ménestrel et qu'il nous ait été donné d'en pouvoir relever les hauts faits comme les moindres péripéties, nous nous abstiendrons de toute appréciation avant le fait accompli de la première représentation, retardée de quelques jours encore.

Et nos lecteurs comprendront notre réserve, — l'œuvre nouvelle de Léo Delibes devant paraître au Ménestrel même le lendemain de la première soirée de Jean de Nivelle. Nous nous bornerons à constater que le jeune maître a été acclamé par ses interprètes, par l'orchestre et les chœurs durant les répétitions générales, et que tout fait espérer la bienvenue d'une partition faite pour honorer l'art musical français dans son expansion toute moderne. Or, au moment de la prochaine naturalisation de l’Aïda de l'illustre maître Verdi, sur notre première scène française, et à l'heure où la musique italienne et son interprète née, Adelina Patti, reprennent si grande faveur à Paris, il nous parait doublement heureux pour la musique française qu'une nouvelle œuvre lyrique nationale arrive à point pour soutenir l'honneur du drapeau. Et l'on peut affirmer que le drapeau français sera d'autant mieux défendu en la circonstance, que la partition de Léo Delibes est répétée avec un soin, une conscience des détails et de l'ensemble dont Paris seul a le secret. C'est là ce qui fait la force et la vitalité de nos œuvres théâtrales. [...]

H. Moréno