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Audition des envois de Rome

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Data di pubblicazione :

Conservatoire national de musique et de déclamation. 
Audition des envois de Rome.

Jeudi soir 16 décembre, a eu lieu dans la salle du Conservatoire l’audition annuelle des envois de Rome. Deux pensionnaires de l’Académie des beaux-arts, MM. Samuel Rousseau et André Wormser, ont eu l’honneur de faire exécuter des fragments de leurs compositions. On a entendu du premier des morceaux d’un poème symphonique en trois parties, écrit sur des paroles de M. Ed. Guinand, et intitulé Sabinus ; du second, une partie de l’ode symphonique qu’il a composée sur la pièce de Lamartine : la Poésie sacrée.

L’ouverture de Sabinus a produit un excellent effet. Elle est écrite dans un bon style symphonique ; les thèmes, surtout le premier de l’allegro, ont de la vigueur. On ne saurait reprocher à ce morceau que ses tonalités dont l’équilibre ne semble pas bien établi, surtout si l’auditeur se place au point de vue d’où l’Académie a coutume de juger ses lauréats. Après l’ouverture est venu le chœur final de la seconde partie, morceau brillant, fort bien chanté par le chœur des élèves du Conservatoire. Enfin on a entendu la marche funèbre qui conduit au supplice le Gaulois Sabinus et sa femme Éponine. Cette marche est construite sur le thème suivant :

Exemple musical

Cette succession est loin de procurer à l’oreille aucun plaisir. Il est vrai que le compositeur varie quelquefois ses harmonies, et sur le quatrième temps de la première mesure place le premier renversement de l’accord du sol mineur, mais ce changement n’a d’autre résultat que d’ajouter encore à la dureté de l’effet.

Après que ces deux mesures ont été entendues un nombre suffisant de fois, intervient un second thème, ingénieusement instrumenté : la mélodie à la petite flûte, l’harmonie en trémolo sur la chanterelle des violons, et la harpe rythmant la basse sur ses cordes de médium. Ce thème, comme le premier, n’a que deux mesures. Le motif principal revient ensuite, et s’évanouit en un decrescendo pour laisser place à une explosion triomphale. Si nous voulons entrer plus avant dans l’examen de ce morceau, nous dirons à M. Samuel Rousseau que sa marche rappelle beaucoup plus celle du Désert qu’elle ne fait songer à une marche funèbre, et qu’elle paraîtrait beaucoup mieux appropriée à une description pittoresque des sables de l’Arabie qu’à l’expression des sentiments que l’on doit éprouver au spectacle de Sabinus et Éponine, martyrs, l’un de sa foi patriotique, l’autre de l’amour conjugal.

Les fragments lyriques de M. Wormser contiennent de jolies choses. Tout d’abord une fugue écrite selon les préceptes de l’art et dont la sonorité est ample et chaleureuse. Le chœur qui suit les lamentations de Job est d’un bon sentiment ; la fin surtout : Ouvrez-moi mon dernier asile dans la nuit du tombeau, a un accent profond et vrai. La réponse des jeunes filles à la strophe de Salomon est assez banale ; cependant on a pu applaudir une courte phrase de solo dite par Mlle Fincken et reprise par le chœur féminin. Passons sur le morceau d’orchestre intitulé Rêverie Divertissement, qui est au-dessous du médiocre, et signalons amicalement à M. Wormser deux grosses fautes contre le sentiment de son poète. Premièrement, une phrase qui après avoir énuméré ce que le Dieu des Juifs a fait pour son peuple, finit par ces mots : Et lui rendit l’antique liberté, ne doit pas mélodiquement se terminer sur la quinte, comme pourrait faire une ballade à la lune ; cela est beaucoup trop vague, trop rêveur et trop plaintif. En second lieu, sur ces vers :

Les tribus alors se mirent en marche ;
Rien ne les arrêta, ni la faim, ni l’été
Brûlant.....

donner au chanteur une progression chromatique descendante est un contre sens flagrant. Ce n’est pas par de tels procédés que la musique ajoutera quelque valeur et quelque effet à des vers de Lamartine.

Les fragments de ce second envoi se terminaient par une marche sur un rythme pareil à celui de la marche funèbre de M. Samuel Rousseau, lequel, il faut le dire, est ici beaucoup plus en situation. Notons au début de ce morceau la longue tenue des sopranos sur le la, que contrarient d’une façon assez heureuse les dissonances produites par les voix d’hommes à l’octave grave.

Les fragments de la Poésie sacrée exécutés jeudi soir témoignent d’un certain progrès dans les idées et dans le faire de M. Wormser. Nous nous permettrons de lui signaler encore un léger défaut qui nous paraît devoir nuire à son œuvre, et qui est bien facile à corriger. Dans cette pièce, qui n’est qu’un pastiche des divers chants de la Bible, le poète, après avoir épuisé chaque sujet, et avant de toucher à un autre, prend lui-même la parole pour annoncer le changement d’idées et indiquer le sentiment des vers qui vont suivre. Ces strophes explicatives n’ont rien de lyrique ; il est inutile de les chanter, soit en chœur, soit en solo : la musique ne peut que les allonger sans aucun profit. N’était-il pas beaucoup plus simple de confier ces passages à une déclamation parlée, que l’orchestre, si le compositeur l’eût voulu, pouvait soutenir par des notes tenues et quelques accords ? C’est le procédé de Félicien David dans le Désert, et il n’est pas à dédaigner.

L’exécution était confiée à la direction de M. Altès. On a entendu comme solistes, outre Mlle Fincken, MM. Lamarche, ténor, Vernouillet, baryton, Dethurens, basse. Les chœurs dressés par M. Jules Cohen, ont chanté avec chaleur et nuancé finement. Mais l’orchestre n’a pas été sans quelques défaillances, comme il arrive trop souvent dans ces séances d’audition.

Octave Fouque.

Persone correlate

Compositore, Giornalista

Octave FOUQUE

(1844 - 1883)

Direttore d’orchestra, Compositore

Samuel ROUSSEAU

(1853 - 1904)

Compositore

André WORMSER

(1851 - 1926)

Permalink

https://www.bruzanemediabase.com/it/node/20569

data di pubblicazione : 02/11/23