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La Belle au bois dormant de Silver

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Date de publication :

Bruxelles.

Le Théâtre de la Monnaie, qui tient chez nous un des fonts baptismaux, la Cendrillon de Massenet, s’est fait le parrain de la Belle au bois dormant de M. Silver.

Après le maître le disciple : c’est dans l’ordre logique et esthétique des choses.

Elle est charmante, du reste, bercée mélodiquement qu’elle fut par les motifs tendres ou rêveurs d’un musicien très français d’inspiration et d’écrits, la douce endormie que Perrault orna de tant de grâces. MM. Michel Carré et Paul Collin, en agrémentant sa naïve aventure d’épisodes bouffes ou fastueux n’ont livré qu’un champ plus vaste à la fantaisie du compositeur, qui a libéralement usé de l’espace ainsi offert à sa chantante pensée.

Depuis la « marche royale » jusqu’au dernier et délicieux duo avec le Prince charmant, et au hasard de la table thématique, il serait aisé de citer une foule de pages ou symphoniques, ou vocales, que teinte ici une langueur de songe, qu’anime là — voir le finale du II — un entrain d’une intensité vibrante et chaude.

Encadrée de décors comme en savent peindre MM. Devis et Lynen, soutenue par le bâton magistral de M. Sylvain Dupuis — ce qui assure à l’œuvre une exécution instrumentale d’ordre tout à fait supérieur ; — corsée de divertissements où la chorégraphie pimpante de Mmes Boni, Charbonnel, Crosti, Pelucchi, Ronzio prête sa coquette légèreté à la plus coquettement légère des musiques de féerie, la Belle-au-bois-dormant est distribuée aux meilleures unités de la troupe de l’opéra-comique, avec, en tête, Mme Bréjean-Silver, qui trouve, dans le rôle délicieusement écrit d’Aurore, à déployer toutes ses qualités de rare virtuose et de parfaite comédienne.

Les charmes et le charme de Mlle Eyreams, la svelte souplesse de Mlle Maubourg, la distinction séduisante de Mlle Paulin, non moins que les voix généreuses de MM. Delmas, Boyer et Cotreuil ont mis dans le berceau de la Belle-au-bois-dormant, tous les dons qui assurent aux filleules des fées une vie longue et une carrière heureuse. C’a été un fort joli succès, couronnant une œuvre fort jolie.

Le Théâtre du Parc, où la musique fut toujours particulièrement en honneur, malgré ou plutôt à cause de la suppression du feu caduc orchestre, se prépare à paraphraser d’un commentaire musical la Salomé d’Oscar Wilde.

Dans l’entretemps, et tandis qu’on y annonce une représentation unique de la Maison de poupée, l’élégante scène de comédie que dirigent avec une conscience si artiste MM. Dormand et Reding, a hospitalisé — pour deux soirs et une répétition générale à huis-clos — deux pièces dues au travail de cabinet de deux membres du barreau.

Ces pièces — de conviction — ont été applaudies comme telles par un confraternel public que paraissaient divertir prodigieusement les inventions comiques de M. Hallo — auteur pour la circonstance de l’article 266 — et le marivaudage entre chien et loup de M. Chantemerle — auteur d’un lever de rideau : la Binta.

Écrites avec facilité, l’une dans le ton des petites conférences à deux personnages, l’autre dans la manière joyeuse à tout prix des vaudevilles les plus incohérents, ces deux productions nationales avaient pour les défendre les sympathiques comédiennes que sont Mmes Yvonne Andrée, Antoinette Rogé et Roy Fleury, les méritants comédiens que demeurent, quoi qu’on fasse, MM. Joffre, Paulet, Diamant et autres.

Au Cirque royal — qui est à deux pas — la revue pour commère et compère montés, éléphants-chauffeurs, tramways à traction animale, ordres nationaux et étrangers, ballerines, clowns, etc. — Bruxelles ! tout le monde... monte — est un gros succès pour l’auteur : notre humoristique confrère Édouard Dewattines.

Cette charge sans fiel, mais non sans malice des menus faits d’actualité plus ou moins récents, est menée, et menée bon train, par la piquante Émilienne de Sère et le jovial et claironnant comique Ménart.

Le défilé des décorations est, pour le public, comme bien on pense, une occasion chaque soir renouvelée d’affirmer les sympathies de la nation belge pour la France.

La Légion d’honneur est acclamée quotidiennement, et d’enthousiasme... La vérité me force à révéler, toutefois, que la revue omet de faire passer sous nos yeux le Mérite agricole. N’en faites pas un trop amer grief à l’auteur.

TYBALT.

Personnes en lien

Compositeur

Charles SILVER

(1868 - 1949)

Œuvres en lien

La Belle au bois dormant

Charles SILVER

/

Michel CARRÉ Paul COLLIN

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date de publication : 18/09/23