André-Ernest-Modeste GRÉTRY

Après avoir commencé ses études à Liège, sa ville natale, Grétry les poursuit à Rome (1760-1766), puis s’installe à Paris. Après que Les Mariages samnites (1768) a été jugé trop italianisant, Grétry adapte son style aux spécificités de la langue française et triomphe avec Zémire et Azor (1771). En dépit de quelques incursions dans le domaine de la tragédie lyrique, il se consacre essentiellement à l’opéra-comique. Traitant des sujets d’une grande diversité, souvent sur des livrets de Marmontel et de Sedaine, il brille dans le conte (Zémire et Azor) et la turquerie (La Caravane du Caire), comme dans la mythologie antique (le ballet Céphale et Procris). Le Huron et La Fausse Magie brocardent l’hypocrisie sociale, Le Jugement de Midas la surdité des grossiers mélomanes ; Aucassin et Nicolette et Richard Cœur-de-Lion se déroulent au Moyen-Âge. Après la Révolution, Grétry s’efforce d’être en accord avec la nouvelle ère politique. Cependant, Denys le Tyran et La Rosière républicaine ne parviennent pas à s’imposer. Mais l’émergence de compositeurs plus jeunes, tel Dalayrac, n’entrave pas la célébrité de Grétry (Richard Cœur-de-Lion, notamment, sera repris jusqu’à la fin du XIX^e siècle). Le public goûte toujours ses mélodies séduisantes, son dynamisme rythmique et son sens dramatique. La simplicité de sa musique n’est pourtant qu’apparente. Dès Le Magnifique (1773), Grétry intensifie le rôle dramatique des épisodes orchestraux ; il accorde une place significative aux chœurs, introduit parfois des motifs de réminiscence qui jalonnent la partition et ouvrent la voie à l’opéra romantique.