Psyché de Thomas

OPÉRA-COMIQUE. Reprise de Psyché, opéra en quatre actes de MM. Jules Barbier et Michel Carré, musique de M. Ambroise Thomas.

La légende de Psyché, mise au théâtre sous Louis XIV par deux écrivains de génie qui n’ont pas dédaigné de collaborer ensemble, a été très-habilement transformée en opéra-comique par Jules Barbier et Michel Carré. Ces deux auteurs, accolés ainsi à Molière et à Corneille n’ont certainement pas amoindri l’œuvre primitive en l’adaptant aux exigences du théâtre moderne.

La partition est une des plus belles de l’auteur de Mignon. Cette musique fraîche et originale, qui du inspirer, depuis, bien des opérettes, accompagne, en effet, admirablement ces fables mythologiques qui se prêtent si bien à l’inspiration et à la poésie.

La reprise de cette œuvre toujours jeune a été accueillie on ne peut plus favorablement. Plusieurs morceaux ont été bissés, et une véritable ovation a été faite aux interprètes hors ligne que M. Carvalho a enfin eu la bonne fortune de réunir.

La pièce est bien montée et l’on a fort justement applaudi le légendaire tableau de l’enlèvement de Psyché par Zéphire.

Mlle Heilbronn, admirable dans le rôle de Psyché, est décidément la chanteuse légère cherchée depuis longtemps... nous pouvons dire depuis Mme Carvalho.

Mme Engalli jouit toujours de la faveur du public : sa belle voix, son jeu actif et plein de feu lui ont valu les honneurs du bis et du rappel, dans le rôle de Cupidon. 

Mme Irma Marié, à l’œil fatal, au profil tragique, joue très-bien, mais chante peu.

Une superbe basse chantante, M. Bacquié, qui nous arrive de province et que nous avions déjà remarqué dans la Dame blanche, a eu une grande part du succès dans le rôle du roi.

Quant à M. Morlet, ce baryton excellent qui ressemble tant à Coquelin comme jeu et comme intonations, il a remporté une nouvelle victoire sous les traits de Mercure. Nous croyons à l’avenir de ce jeune et sympathique chanteur.

En somme, M. Carvalho a maintenant dans sa troupe quatre ou cinq artistes de premier ordre. Nous l’en félicitons.

F. M.