Les envois de Rome
Les envois de Rome.
Le rapport de l’Académie des beaux-arts sur les envois de Rome de l’année 1878 est très sévère pour les prix de composition musicale. Ces envois comprennent le premier acte d’un opéra, le Prince noir, de M. Puget (première année), un fragment d’opéra, Dona Maria, de M. Wormser (deuxième année), Sainte-Geneviève, oratorio de M. Hillemacher (première année), et enfin l’envoi d’un autre lauréat, M. Véronge de La Nux, qui consiste en un acte d’opéra intitulé Rizzio, et une « ouverture symphonique ».
L’Académie, dit le rapport, a le regret de constater que, chez les pensionnaires musiciens, les tendances à s’éloigner des conditions éternelles de la beauté dans l’art s’accentuent chaque année de plus en plus.
Il y a là, sous les semblants d’un système savant, un parti pris de se dispenser d’un travail châtié, épuré par le goût, et par conséquent la volonté secrète d’accomplir une besogne facile.
Du reste, tout en prétendant se préoccuper principalement de l’orchestration, la plupart de ces jeunes musiciens n’ont qu’une connaissance très superficielle du mécanisme et des ressources propres aux divers instruments. Aussi commettent-ils, à cet égard, les erreurs les plus graves, celle, par exemple, qui consiste à croire qu’une superfétation de notes suffit pour produire une bonne sonorité.
Quant à la prosodie française, si scrupuleusement respectée par les maîtres nos devanciers, elle est aujourd’hui traitée de la façon la plus cavalière. Finalement, quelque système qu’on ait la prétention de faire prévaloir, l’Académie ne cessera pas d’attacher un prix principal à la simplicité et à la beauté de la mélodie, à la vérité de l’accent, à l’impression pénétrante produite par une harmonie claire et solide, en un mot, à ce qui fait en réalité le charme et la puissance de la musique.
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publication date : 02/11/23