La Chanson de Fortunio

Composé sur un livret de Ludovic Halévy et Hector Crémieux, l’ouvrage est inspiré du Chandelier d’Alfred de Musset. Dès 1850, Offenbach, chef d’orchestre à la Comédie-Française, avait composé la musique pour la troisième scène du deuxième acte de la pièce, à l’occasion de sa reprise. Publiée par Heugel dans un recueil de chansons d’Offenbach intitulé Les Voix mystérieuses, la romance « La Chanson de Fortunio » fait partie des pièces phares du répertoire lyrique du Second Empire, régulièrement exécutée notamment par le célèbre ténor Gustave-Hippolyte Roger lors de ses concerts. « Bien mal acquis ne profite jamais », telle pourrait être la morale de l’opéra qui met en scène les tourments de Maître Fortunio, avocat lorrain du XVIII^e siècle et mari jaloux de la jeune Laurette, qu’il soupçonne d’entretenir une liaison avec son greffier Valentin. Effectivement amoureux de Laurette, celui-ci est toutefois trop timide pour confesser ses sentiments. La jalousie de Fortunio se nourrit d’un secret qui sera révélé à la faveur de cet épisode : il a lui-même séduit sa femme à l’aide d’une vieille chanson qui donne à celui qui l’entonne le pouvoir de conquérir celle qu’il aime. À leur tour, les greffiers de l’avocat font usage de ces pouvoirs musicaux pour séduire leurs dulcinées. Composé en toute hâte (une semaine), l’opéra-comique rencontre un franc succès, qui compense l’échec qu’avait connu Barkouf quelques semaines auparavant. C’est néanmoins pour la romance composée en 1850 que l’œuvre passe à la postérité. Aux côtés d’Orphée aux enfers, La Belle Hélène ou La Grande Duchesse de Gerolstein, celle-ci figure au panthéon des œuvres les plus connues et appréciées du compositeur.