Namouna
Ballet en 2 actes et 3 tableaux créé au Théâtre national de l'Opéra le 6 mars 1882. Chorégraphie de Lucien Petipa.
Arrivé à la tête de l’Opéra de Paris, Auguste Vaucorbeil, qui chantait auparavant les louanges du Roi d’Ys, refuse pourtant de programmer cette partition. Sous la pression de Jules Ferry, il passe néanmoins une commande à Édouard Lalo : un ballet, dont Charles Nuitter rédige l’argument en se basant sur un passage des Mémoires de Casanova. Namouna se déroule au XVIIe siècle et retrace le parcours d’une esclave affranchie à l’issue d’une partie de dés. S’il serait exagéré de parler de « scandale » pour décrire la réception de l’ouvrage, on est néanmoins tenté d’y voir un champ de bataille esthétique. À l’issue d’une première représentation houleuse, le 6 mars 1882, Édouard Lalo est conspué ou soutenu par la presse pour ne s’être pas soumis au canon des ballets de l’Opéra : il y a apporté l’art de la « nouvelle école » et le savoir des « symphonistes ». Sur fond de défiance envers l’influence culturelle allemande – nombreuses sont les allusions à Wagner dans les comptes-rendus –, l’œuvre pose aussi la question de la priorité des arts dans le système de production du ballet. Qui doit décider de la forme, du mouvement de chaque passage, de la carrure des séquences ? Le compositeur ou le chorégraphe (Lucien Petipa) ? Lalo prend sa revanche au concert en tirant de sa partition une suite symphonique unanimement saluée. Quant au ballet, il garde longtemps une aura l’œuvre maudite. Il faut attendre sa transformation en « Suite en blanc » (sur un nouvel argument de Serge Lifar) pour qu’il connaisse le succès (329 représentations à l’Opéra de Paris entre 1943 et 1988) et une carrière internationale.
Documents and archives
Press illustration, Picture of a scene
Le Monde illustré, 1882/03/11 [Namouna de Lalo]
Press article