Quatuor avec piano n^o 2 en ré majeur op. 124

« J’ai lu et entendu votre 2^e quatuor et j’y ai pris un vif plaisir… C’est de la musique fort plaisante et joliment bien faite et pensée. Il faut aujourd’hui un véritable courage pour écrire une telle musique, mais comme je sais que vous êtes une artiste véritable, je ne commettrai pas l’impertinence de vous féliciter de votre honnêteté musicale !... » La lettre du compositeur Joseph Ermend Bonnal à Mel Bonis (9 janvier 1928) témoigne du décalage frappant entre le style du quatuor – résolument postromantique – et la production de son temps, toute à la modernité du groupe des Six. Créée le 26 février 1927 dans la salle des concerts du Conservatoire par le quatuor Zighera associé à la pianiste Marguerite Moreau-Leroy, l’œuvre ne tourne pourtant le dos ni à l’actualité ni à la vitalité. Après un choral recueilli et religieux, le premier mouvement s’anime d’un più vivo qui revient par la suite dans un mode méditatif. L’Allegretto, plein de surprises et exigeant techniquement, fait se croiser valse jazz et impressions bucoliques. D’après le musicologue Eberhart Mayer – qui en a réédité la partition en 2007 – l’opus 124 est le testament de Mel Bonis et son troisième mouvement, « lent, calme et contemplatif », une illustration parfaite de la pensée musicale de son auteure : « une agonie d’aspiration vers le bonheur ». Le dernier mouvement (Final. Allegro), rayonnant et lumineux, conclut le quatuor avec fougue et énergie.