Ce qu'on entend dans l’Enfer…
Poursuite – Raillerie – Appel – Dans les flammes – Blasphèmes – Sabbat
Pour traduire le chaos des abîmes et l’éternelle souffrance des damnésdans Ce qu’on entend dans l’Enfer…, Jaëll va presque jusqu’à inventer un langage musical reposant sur une esthétique de la discordance, fort éloigné en tout cas de toute écriture traditionnelle. La démarche compositionnelle est clairement expérimentale. Intervalles inaccoutumés, harmonies dissonantes, rythmes répétitifs, c’est une musique du geste pianistique, soucieuse avant tout d’expression, aussi fantastique qu’audacieuse. Poursuiteest un mouvement perpétuel sombre et « enfiévré », une cavalcade d’où émergent quelques lignes mélodiques ; sa partie centrale présente une mélodie accompagnée d’arpèges aux contours heurtés. Dans la chromatique Raillerie, des croches tourbillonnent incessamment. Plus calme, Appel présente sous différents jours un motif obstiné et funèbre ; le glas passe à la main gauche, puis se transforme en accords. Dans les flammes fait rouler des motifs ascendants et descendants échevelés, avant qu’un trait biscornu ne soutienne une indéfinissable mélopée. Sur le trille de Blasphèmes, se greffent des accords aux résonnances fascinantes. Après une montée chromatique, le Sabbat transporte enfin des motifs lancinants dans différentes tonalités.