Le Roman d'Elvire

Le Roman d’Elvire, sous-titré Fantaisie de marquise, constitue le dernier ouvrage de la première période compositionnelle d’Ambroise Thomas, juste avant les grands succès que seront Mignon (1866) et Hamlet (1868). Déjà auteur de quatre livrets d’opéras-comiques de Thomas, Adolphe de Leuven s’adjoint, pour ce nouveau projet, la plume aguerrie d’Alexandre Dumas. L’action se situe à Palerme en 1600, où le libertin Gennaro d’Albani fuit son union avec la jeune Elvire qui décide de se venger. Grâce à une potion de la gitane Lilla, Elvire prend l’apparence d’une vieille femme. Si Gennaro, ruiné et harcelé par ses créanciers, accepte l’offre de mariage de la douairière, il obtiendra sa protection financière. Le libertin accepte, mais s’ennuie vite de cette union. Alors qu’il tente de fuir, il sollicite Lilla pour endormir Elvire. Mais celle-ci lui administre une potion qui lui rend son apparence de jeune femme. Accusé d’avoir assassiné sa vieille épouse pour mieux la remplacer, Gennaro échappe de justesse à la pendaison lorsqu’Elvire avoue enfin le stratagème. La veine mi réaliste mi surnaturelle du livret explique en partie le froid accueil que reçoit Le Roman d’Elvire lors de sa création le 4 février 1860 à l’Opéra-Comique. La qualité de nombreuses pages est pourtant relevée, notamment le duo de sorcellerie (I^er acte), le grand air de Gennaro (II^e acte) et sa romance « Ah ! ce serait un crime » (III^e acte). Le sort de l’ouvrage figure parmi les raisons qui poussent Thomas à se retirer provisoirement de la scène lyrique, pour mieux la retrouver six ans plus tard avec Mignon.