Le Songe d'une nuit d'été

Un an après Le Caïd, son premier succès au théâtre, Thomas renouvelle son langage en sollicitant de Leuven et Rosier l’écriture d’un livret fantaisiste. Sous couvert de son célèbre titre, l’intrigue, conçue ex-nihilo, est prétexte à faire se rencontrer Shakespeare et la reine d’Angleterre ! Dans une taverne où elle trouve refuge avec sa suivante Olivia, la reine Élizabeth dissimule son identité et tente de sortir Shakespeare de sa débauche. Mais le poète reste insensible aux sermons de la reine, qui ordonne à sir John Falstaff de conduire Shakespeare jusqu’aux jardins du palais. Au bord du lac, sous un ciel de clair de Lune, le poète s’éveille confus. Il est séduit par la reine qui lui apparaît sous les traits d’une muse. Pour lui éviter de se compromettre, Olivia se substitue à la reine, ce qui déclenche la jalousie de son amant Latimer qui provoque alors Shakespeare en duel. Lorsque Latimer tombe, Shakespeare, coupable, se jette dans les eaux de la Tamise, d’où il est aussitôt secouru. La reine ordonne à chacun de considérer les événements comme ceux d’un songe et Shakespeare voit là le sujet d’un prochain ouvrage. Épousant la forme traditionnelle de l’opéra-comique, la partition de Thomas pousse le propos dramatique aux frontières du fantastique. La variété des formes closes sert la clarté du propos sans nuire à son unité, quand l’orchestration, particulièrement raffinée, forme un écrin onirique dans lequel s’épanouit l’écriture vocale du compositeur. Créée à la deuxième salle Favart le 20 avril 1850, l’œuvre confirme la destinée théâtrale de son auteur, mais sera injustement éclipsée par les grands succès que seront Mignon et Hamlet.